Pour sa première exposition en Côte d’Ivoire, Oumar BALL, natif de la Mauritanie, nous offre la quintessence de son travail artistique.
Tout à la fois peintre et sculpteur, formé par son père avec lequel il fera sa première exposition, âgé à présent de 38 ans, le voilà parvenu probablement à cette période d’or où, après des années de tâtonnement, un créateur parvient enfin au sommet de sa créativité et maîtrise ses modalités d’expression.
D’autres se sont épuisés en chemin et ont achevé de dire le peu qu’ils avaient à dire, Oumar BALL continue de nous enchanter dans son entrelac de fils de fer qu’il unit pour les faire s’exprimer, morceaux de tôles et éclats de bassines émaillées, quand il ne donne pas rythme et volume à ses toiles déjà exceptionnelles.
C’est une véritable synthèse à laquelle nous avons droit car l’artiste expose rarement ensemble ses deux médiums de prédilection le fer et la toile, dans une fusion aussi consciemment organisée.
Tout part d’un mur sur lequel Oumar BALL a représenté un de ses paysages, ceux que lui inspirent les rives du fleuve Sénégal et les sables du Sahara qui sont son domaine natal.
Fusain, charbon, la nature nous apparaît dans son aride simplicité et sa beauté. Il s’en échappe des fils de fers, véritables tentacules qui irradient l’espace et créent le décor en orientant le spectateur dans le sens choisi par l’artiste.
Et la féérie commence, un véritable « carnaval des animaux » qui descendent des toiles pour se promener, passant ainsi magiquement de deux à trois dimensions.
Est-ce peinture, est-ce sculpture ?
Tout simplement l’expression d’un homme encore jeune et qui se soucie de l’avenir de notre monde en furie qui détruit tout sur son passage, sans prendre le temps de redonner sa beauté au moindre débris, au moindre supplément d’âme que nous permettent ces œuvres si intuitivement disposées.
Et nous nous prenons à rêver, à entrer dans la danse, ne sachant plus où donner de la tête, un peu grisés par ces animaux plus vrais que nature et qui nous renvoient à notre humaine condition.
Il ne faut surtout pas rester de ce côté-ci du miroir, Oumar BALL nous appelle et nous entraîne dans son univers dont nous ne sommes jamais sûrs de revenir indemnes.
Laissons-nous faire, il entrouvre pour quelques semaines les portes de son royaume merveilleux, nous aurions grand tort de rester dehors !
- Sylvain Sankale