A l’occasion du OFF de la Biennale de Dakar 2022, LouiSimone Guirandou Gallery a le plaisir de présenter les oeuvres des artistes Pedro Pires et Ange-Arthur Koua, oeuvres qui s’entremêlent au sein de Keur Louise et entrent en résonance avec ce lieu chargé d’histoire qu’est l’île de Gorée.
Pedro Pires et Ange-Arthur Koua placent la question de l’identité et des migrations au centre de leur démarche artistique. Les déplacements de population, qu’ils soient volontaires ou imposés, entraînent des mutations identitaires qui se répercutent de génération en génération. Le voyage en mer, symbole même de l’aventure mais aussi du danger et de la pénibilité du voyage vers l’inconnu, transforme les individus en flux d’anonymes, auxquels les sculptures de Pedro Pires et les tentures de Ange-Arthur Koua tentent de rendre hommage.
Pedro Pires s’exprime au travers de la sculpture, du dessin, de la photographie, de la vidéo ou d’installations. Né à Luanda en 1978, l’artiste vit et travaille entre Luanda (Angola) et Lisbonne (Portugal). Il explore depuis plus de dix ans le sentiment d’identité nationale disloquée, la migration et les droits humains. Il s’intéresse notamment de près aux questions d’identité et de stéréotypes en relation directe avec l’éducation, l’histoire et les institutions. Un intérêt particulier qui lui vient de sa double appartenance culturelle Africaine et Européenne. Ses sculptures et ses installations entretiennent une relation forte avec le corps humain et les volumes anthropomorphes. L’artiste y joue avec les concepts de destruction et de reconstruction et n’hésite pas à récupérer des objets appartenant au quotidien des villes où il expose pour mettre en évidence la manière dont l’identité est façonnée, négociée et refaite.
Ange-Arthur Koua quant à lui dessine, peint, salit, brûle, colle, coud, et associe les matériaux. Emerge alors une esthétique de technique mixte où se côtoient peinture et textile dans un processus d’assemblage visant à traduire, lui aussi, la dislocation de l’identité. L’artiste Ivoirien, originaire d’Abidjan, interroge le pouvoir des croyances et de l’héritage sur la construction de l’identité. Ses toiles présentent deux faces, qui, comme dos à dos et irréconciliables, mettent en scène la dualité de l’individu : d’une part son apparence, façonnée par l’héritage des anciens et les croyances, et d’autre part son essence profonde, qui lui appartient mais qu’il peine à exprimer. Ces toiles semblent danser autour du grand vêtement de l’Asenmblan Gan Gan, ce géant que la coutume fait exister. Ange-Arthur Koua imagine cette tenue composée des âmes de ceux qu’il protège, à l’instar de ces pièces de tissu, imprégnées, selon la croyance Akan, de l’âme de ceux qui les ont portées.
La récupération d’objets du quotidien, des éléments métalliques de Pedro Pires aux pièces de jeans d’Ange-Arthur Koua, permet d’ancrer leurs œuvres dans le réel et de donner du corps à ces silhouettes anonymes. Chacun à sa manière met en lumière ces identités à la dérive, qui peinent à se retrouver dans un modèle de société unique.