"L’enfant demande à sa mère de le sauver, nous pensions être forts et nous sommes faibles, surtout on ne sait plus à quel saint se vouer"
Dominique Zinkpè
Dans le prolongement de sa dernière exposition "Un monde à part", Dominique Zinkpè entend nous proposer une forme de synthèse de son parcours artistique depuis sa rencontre avec Simone Guirandou au cours des Grapholies d’Abidjan en 1993. Heureux de retrouver cette ville monde, Zinkpè salue l’importance de cette plateforme de la création artistique tant par la vitalité de sa scène que par la formation pédagogique de l’INSAAC et l’accompagnement des galeries. L’année 2020 a marqué le monde par un arrêt brutal, permettant à chacun de mesurer la fragilité de ce qui nous semblait intangible, mais aussi de prendre le temps de revoir son propre parcours et de se questionner. Cette période a été introspective et productive, de nombreux dessins ont jailli, ils sont la base de toute sa création, à la fois recherches, esquisses ou modélisation d’une pensée. L’artiste sonde ici nos "états d’âme", le sien, le nôtre, et le niveau de nos inquiétudes quant au futur de l’aventure humaine. Sculptures composées de figurines hôhô en hommage aux cultures et au savoir-faire du Continent, toiles et dessins témoignent de cette période troublée et nous invitent à partager notre ressenti : "L’enfant demande à sa mère de le sauver, nous pensions être forts et nous sommes faibles, surtout on ne sait plus à quel saint se vouer". Les œuvres exposées nous convient humblement, telle "la pieta", vers une consolation salvatrice et vers une forme de résistance visant à améliorer nos univers respectifs.
Amédé-Régis Mulin