Le visiteur débarquant pour la première fois à Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire, est immédiatement happé par la chaleur moite de l'atmosphère, lui rappelant qu'il est sous les tropiques. Il suffoque à la vue d'une circulation anarchique ; les conducteurs, au gré de leurs humeurs, disputent les trottoirs aux passants; délaissant la chaussée encombrée qu'essaient de rendre propre des braves balayeuses qui n'en peuvent plus mais...... Le spectacle continue avec les vendeurs ambulants se faufilant entre les véhicules, les bras chargés de marchandises de toutes origines et de toutes sortes, respirant comme tout le monde, la pollution de l'air occasionnée par des véhicules d'un autre âge. Parmi eux, des jeunes filles, déscolarisées, offrent au public des produits, vivriers ou autres, soigneusement disposés dans un récipient posé sur la tête.
C'est à ces vendeuses ambulantes que s'intéresse l'artiste Yseult (YZ) Digan.
Installée en Côte d'Ivoire en 2017, elle épouse la cause des jeunes vendeuses de rue. Sensible à leur condition sociale, YZ les côtoie, discute avec elles afin de connaître leur histoire, devient partenaire de l'Association «Empow'her» permettant à quelques-unes d'entre elles de se prendre en charge en bénéficiant d'une formation adaptée. Ces jeunes femmes, en majorité des adolescentes, analphabètes pour la plupart, sommairement vêtues d'un pagne et d'un T-shirt, certaines ayant à peine 12 ans, gagnent leur vie en étant vendeuses de rue.
À travers la liberté d'action qu'est le Street Art, YZ fait de la défense de ces jeunes filles son cheval de bataille et espère éveiller la conscience des décideurs sur l'importance de l'éducation des filles et de leur rôle dans la société.
L'artiste saisit donc ces jeunes vendeuses de rue de face, à travers des photos-portraits qu'elle reproduit à l'encre de chine noire sur du papier de soie et, par la technique du lavis, les colle sur des supports tels les murs, pour plus de visibilité, sur des surfaces métalliques ou de bois. Son action s'inscrit dans une série d'affiches que l'on peut encore voir sur les murs d'Abidjan, contribuant à sa manière, à la lutte contre la marginahsation de la femme et pour son insertion dans le tissu social de son pays par l'éducation.
Parées de bijoux, transformées en véritables reines par la magie de l'art, le port altier, le regard fixe, volontaire et déterminé, à la fois digne et complice, les portraits de ces jeunes filles transférés à l'encre de chine sur papier de soie marouflé sur métal constituent le travail, en noir et blanc, que présentera Yseult à l'occasion de l'exposition «Street Vendors» qui aura heu du 18 Avril 2019 au 30 Mai chez LouiSimone Guirandou Gallery.
LSGG